Les agressions se déclinent sous différentes formes, selon leur nature, leur contexte et leur gravité. Parmi elles, les agressions sexuelles occupent une place particulièrement importante, car elles représentent une thématique récurrente dans mon cabinet.
Si ces violences touchent principalement les femmes, il est crucial de souligner que les hommes en sont également victimes. Ces derniers font pourtant face à un tabou encore plus grand, qui complique leur prise de parole et leur accompagnement.
Bien que les chiffres disponibles sur ces violences soient alarmants, ils peinent à rendre compte de l’ampleur réelle du phénomène : le silence de nombreuses victimes invisibilise cette réalité. Ce silence renforce l’urgence d’en parler et de proposer des solutions adaptées pour accompagner celles et ceux qui en souffrent.
À travers cette classification des principales formes d’agressions, je souhaite mettre en lumière les spécificités des agressions sexuelles, non seulement pour leur fréquence mais surtout pour leur impact durable sur les personnes concernées.
Important : Les gens me disent souvent « je veux guérir de tel ou tel agression ».
L’agression n’est pas une “maladie”
1. Traumatismes psychologiques
Toutes sorte d’agressions, en particulier lorsqu’elles se produisent dans l’enfance, laissent une empreinte durable sur le psychisme.
- Trouble de stress post-traumatique (TSPT) :
Les victimes peuvent souffrir de flashbacks, de cauchemars et d’hypervigilance. Cependant, dans de nombreux cas, les peurs ou angoisses surviennent sans que la victime établisse un lien direct avec l’agression, surtout si celle-ci s’est produite dans l’enfance. Cela peut compliquer la non reconnaissance du traumatisme et retarder la prise en charge. - Sentiment de honte ou de culpabilité :
Beaucoup de victimes s’attribuent à tort une part de responsabilité (exemple : "Je n’ai pas assez résisté", "J’aurais dû crier"). Ce phénomène s’explique par les mécanismes de défense naturels activés pendant l’agression :- Figement ou sidération : Une réponse automatique de survie où la victime est paralysée, incapable de réagir.
- Soumission apparente : Par peur de représailles, le cerveau choisit la réponse la moins risquée, même si elle peut sembler contradictoire avec le désir de se protéger. Ces réponses sont des réflexes inconscients et non des choix volontaires.
2. Impact émotionnel
Une agression et en particulier une agression sexuelle affecte profondément le monde émotionnel de la victime, qui peut être marqué par :
- Dépression et désespoir :
Un sentiment de vide intérieur et une perte de sens dans la vie sont fréquents. Cela peut également s’accompagner de pensées suicidaires dans certains cas. - Colère et frustration :
Ces émotions peuvent être dirigées vers l’agresseur, mais aussi envers soi-même ou des proches, créant une confusion émotionnelle. - Difficultés relationnelles :
Les victimes peuvent perdre confiance en autrui, évitant les relations intimes ou se repliant sur elles-mêmes. À l’inverse, certaines peuvent chercher des relations destructrices pour tenter, inconsciemment, de recréer une situation de contrôle.
3. Répercussions physiques
Le corps garde souvent les traces de l’agression sous forme de troubles somatiques :
- Douleurs chroniques et tensions musculaires :
Ces symptômes peuvent persister sans cause médicale identifiable et être liés à un stress refoulé.
- · Troubles du sommeil :
Difficulté à s’endormir, insomnies ou cauchemars récurrents.
- · Perturbations alimentaires :
Perte ou excès d’appétit, souvent liés à une tentative inconsciente de reprendre le contrôle sur son corps ou d’atténuer la douleur émotionnelle.
4. Conséquences sur l’estime de soi
L’agression sexuelle peut provoquer une profonde dévalorisation :
- Dévalorisation personnelle et sentiment d’être "sale" :
Les victimes ont souvent une perception altérée d’elles-mêmes, se sentant indignes ou souillées. Ce sentiment est amplifié par les stéréotypes et le manque de soutien autour des violences sexuelles, violences conjugales.
- Sensation de perte de contrôle :
Beaucoup ressentent qu’elles ne maîtrisent plus leur vie ou leur corps, ce qui aggrave l’anxiété et la perte de confiance en soi.
5. Relation avec son corps
Les violences sexuelles peuvent entraîner des comportements variés et contradictoires dans la manière dont une personne interagit avec son corps, allant d’une volonté de dissimuler celui-ci à une hypersexualisation. Ces comportements sont souvent des mécanismes de survie ou des tentatives d’adaptation à un traumatisme. Voici une exploration de ces aspects :
- Volonté de se protéger :
- Porter des vêtements amples ou neutres peut être une stratégie inconsciente ou consciente pour se rendre “invisible”.
- La personne cherche à éviter d’attirer l’attention sur son corps, souvent par peur que d’autres violences ou agressions ne surviennent.
- Rejet de la féminité ou de la sensualité :
Après une agression, certaines personnes développent une aversion pour les attributs perçus comme féminins ou attirants, les associant au danger.
Cette manière de s’habiller peut aussi refléter un rejet de soi ou une tentative de “neutraliser” son corps.
- Honte et culpabilité :
La victime peut intérioriser des idées fausses selon lesquelles son apparence aurait joué un rôle dans l’agression, ce qui alimente des comportements de camouflage.
- Déconnexion avec le corps :
- Les vêtements larges peuvent également être une manière d’éviter de se confronter à son corps, surtout si celui-ci est perçu comme une source de douleur ou de malaise.
- Se prostituer ou hypersexualisation.
6. Tentative de reprise de contrôle :
Certaines victimes cherchent à “reprendre possession” de leur sexualité en se mettant dans des situations où elles choisissent d’offrir leur corps. Cela peut être perçu comme une manière de transformer une expérience subie en un acte volontaire.
- Recherche d’un sens ou d’une validation :
- Se prostituer ou adopter des comportements hypersexualisés peut répondre à un besoin de validation ou d’attention, même si cela peut être destructeur.
- Cela peut aussi être une tentative de redonner une valeur à son corps ou de chercher une reconnaissance que l’on ne trouve pas autrement.
- Confusion entre violence et sexualité :
- Suite à un traumatisme, certaines personnes associent l’amour ou l’attention à des dynamiques violentes ou exploitantes, car leur perception des relations peut être altérée.
- Cela peut aussi découler d’une sensation que leur corps n’a plus de valeur en dehors de son aspect sexuel.
- Perpétuation du traumatisme :
- Ces comportements peuvent parfois être le reflet d’une auto-dévalorisassions ou d’une douleur psychologique non résolue, où la personne se met dans des situations qui renforcent le sentiment de rejet ou d’abus.
Comprendre ces comportements sans jugement
Ces attitudes sont souvent mal comprises et peuvent être jugées par l’entourage ou par la société. Cependant, elles sont des réponses humaines complexes à un traumatisme et ne reflètent ni un choix conscient ni une faiblesse. Ces comportements traduisent une tentative de faire face à une douleur immense et de donner un sens à l’insensé.
7. Reconstruction et réconciliation avec son corps
1. Reconstruire la sécurité intérieure :
• Apprendre à se sentir en sécurité dans son propre corps est un objectif clé. L’hypnose est très efficace pour se reconstruire après une agression.
2. Explorer ses émotions :
• En thérapie, parler de la honte, de la colère ou de la douleur peut aider à comprendre ces comportements et à les transformer.
3. Redécouvrir son corps :
• Participer à des activités qui reconnectent au corps (danse, massages, sport) dans un cadre bienveillant peut aider à renouer avec soi-même.
Conclusion
Les conséquences d’une agression sont complexes et touchent de nombreux aspects de la vie des victimes. Comprendre ces effets, y compris les mécanismes de défense naturels qui se déclenchent lors d’un traumatisme est essentiel pour offrir un accompagnement adapté et déculpabiliser les survivants. Chaque individu a sa propre manière de réagir et de se reconstruire, ce qui nécessite une approche bienveillante et personnalisée.
L'hypnose est une méthode puissante pour transformer le poids d'une agression en une expérience moins paralysante, permettant aux victimes de se libérer de leurs blocages émotionnels, de retrouver confiance et de revivre pleinement.